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Page:Beccaria - Des délits et des peines, traduction CY, Brière, 1822.djvu/162

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DES DÉLITS ET DES PEINES.

§ II. — La peine de mort est-elle nécessaire, ou du moins utile ? Je ne le crois nullement, et je me fonderai sur des faits que chacun peut vérifier.

Il s’est commis des vols innombrables à la place de Grève, sous la potence, au moment qu’on y attachait des voleurs, et plus que devant le pilori qui rassemblait moins de monde.

Depuis un siècle, la peine de mort a été abolie et rétablie plusieurs fois contre la désertion. Le nombre des déserteurs a toujours été le même dans les périodes de l’abolition et dans celles du rétablissement.

François Ier fit des lois de sang contre le vol avec effraction. Ces lois n’ont été abrogées que par la révolution ; mais les juges, depuis vingt ans, en avaient restreint l’application au vol avec effraction extérieure et nocturne. Dans le siècle passé, et au commencement de celui-ci, les vols avec effraction intérieure, ainsi que les autres, ont été infiniment plus communs que depuis.

En 1724, on porta la peine de mort contre le vol domestique ; il fut fréquent tant que la loi s’exécuta. Depuis trente ans, il est devenu très-rare, et depuis trente ans, il ne se punissait guère que comme vol simple.

Enfin, dans des temps de faction, on a vu conspirer sous l’échafaud où tombait la tête des cons-