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CHAPITRE XXIV.

projets du despotisme, nous ramènent aux principes de la philosophie, nous les montrent avec plus de certitude.

Espérons que la funeste expérience des siècles passés ne sera pas perdue, et que les principes naturels reparaîtront parmi les hommes, malgré tous les obstacles qu’on leur oppose.

La grandeur du crime ne dépend point de l’intention de celui qui le commet, comme quelques-uns l’ont cru mal à propos ; car l’intention du coupable dépend des impressions causées par les objets présens, et des dispositions précédentes de l’âme. Ces sentimens varient dans tous les hommes et dans le même individu, avec la rapide succession des idées, des passions et des circonstances.

Si l’on punissait l’intention, il faudrait avoir non-seulement un code particulier pour chaque citoyen, mais une nouvelle loi pénale pour chaque crime.

Souvent, avec la meilleure intention, un citoyen fait à la société les plus grands maux, tandis qu’un autre lui rend de grands services, avec la volonté de nuire[1].

  1. « De grands crimes doivent quelquefois être