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Page:Beccaria - Des délits et des peines, traduction CY, Brière, 1822.djvu/220

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DES DÉLITS ET DES PEINES

ronnées de ténèbres, et flottantes au gré du tourbillon des passions.

Ce phénomène cessera d’être étonnant, si l’on considère que, pareilles aux objets qui se confondent à nos yeux, parce qu’ils en sont trop rapprochés, les idées morales perdent de leur clarté pour être trop à notre portée[1].

Malgré leur simplicité, nous discernons avec peine les divers principes de morale, et nous jugeons, souvent sans les connaître, les sentimens du cœur humain.

Celui qui observera avec quelque attention la nature et les hommes, ne s’étonnera point de toutes ces choses ; il pensera que pour être heureux et tranquilles, les hommes n’ont peut-être pas besoin de tant de lois, ni d’un si grand appareil de morale.

L’idée de l’honneur est une idée complexe formée non-seulement de plusieurs idées simples, mais aussi de plusieurs idées complexes

  1. Cette raison est fausse. Le défaut de clarté des principes moraux, vient du croisement des passions humaines qui les obscurcissent, de la multiplicité des systèmes philosophiques, du défaut d’attention, et de l’imbécillité de la plupart des lecteurs. (Note de Brissot de Warville.)