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Page:Beccaria - Des délits et des peines, traduction CY, Brière, 1822.djvu/227

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CHAPITRE XXIX.

qu’il a pu respecter les lois, mais qu’il ne craint pas les hommes[1].


  1. « En quoi consiste ce préjugé du duel qu’il s’agirait de détruire ? Dans l’opinion la plus extravagante et la plus barbare qui jamais entra dans l’esprit humain ; savoir, que tous les devoirs de la société sont suppléés par la bravoure ; qu’un homme n’est plus fourbe, fripon, calomniateur ; qu’il est civil, humain, poli, quand il sait se battre ; que le mensonge se change en vérité ; que le vol devient légitime, la perfidie honnête, l’infidélité louable, sitôt qu’on soutient tout cela le fer à la main ; qu’un affront est toujours bien réparé par un coup d’épée, et qu’on n’a jamais tort avec un homme, pourvu qu’on le tue.

    » Il y a, je l’avoue, une autre sorte d’affaire, où la gentillesse se mêle à la cruauté, et où l’on ne tue les gens que par hasard ; c’est celle où l’on se bat au premier sang. Au premier sang, grand Dieu ! Et qu’en veux-tu faire de ce sang, bête féroce ? Le veux-tu boire ?… (J. J. Rousseau, Lettre à d’Alembert, sur les spectacles.)