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DES DÉLITS ET DES PEINES

CHAPITRE XXXV.

DU SUICIDE ET DE L’ÉMIGRATION.


Le suicide est un délit qui semble ne pouvoir être soumis à aucune peine proprement dite ; car cette peine ne pourrait tomber que sur un corps insensible et sans vie, ou sur des innocens. Or le châtiment que l’on décernerait contre les restes inanimés du coupable, ne peut produire d’autre impression sur les spectateurs, que celle qu’ils éprouveraient en voyant fouetter une statue.

Si la peine est appliquée à la famille innocente, elle est odieuse et tyrannique, parce qu’il n’y a plus de liberté lorsque les peines ne sont pas purement personnelles.

Les hommes aiment trop la vie ; ils y sont trop attachés par tous les objets qui les environnent ; l’image séduisante du plaisir, et la douce espérance, cette aimable enchanteresse qui mêle quelque gouttes de bonheur à la