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CHAPITRE XL.

DE L’ESPRIT DE FISC.


Lesprit de fisc, qui s’est attaché à la jurisprudence criminelle depuis son origine, est aussi une source funeste d’injustices et d’erreurs[1].

Il y eut des temps où presque toutes les peines étaient pécuniaires. Les crimes des sujets étaient pour le prince une sorte de patrimoine. Les attentats contre la sûreté publique étaient un objet de gain, sur lequel on savait spéculer. Le souverain et les magistrats trouvaient leur intérêt dans les délits qu’ils auraient dû prévenir. Les jugemens n’étaient alors qu’un procès entre le fisc qui percevait le prix du crime, et le coupable qui devait le payer. On en avait fait une affaire

  1. Cette phrase n’est point dans l’original. Quelques traducteurs l’ont ajoutée comme nécessaire.