Page:Beccaria - Des délits et des peines, traduction CY, Brière, 1822.djvu/297

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cieux qu’un souverain puisse faire à la nation et à lui-même, que de confier le dépôt sacré des lois à un homme éclairé. Accoutumé à voir la vérité sans la craindre ; au-dessus de ce besoin général des suffrages publics, besoin qui n’est jamais satisfait, et qui fait si souvent succomber la vertu ; habitué à tout considérer sous les points de vue les plus élevés, il voit la nation comme une famille, ses concitoyens comme ses frères ; et la distance qui sépare les grands du peuple, lui paraît d’autant plus petite, qu’il sait embrasser par ses regards une plus grande masse d’hommes à la fois.

Le sage a des besoins et des intérêts qui sont inconnus au vulgaire ; c’est une nécessité pour lui de ne pas démentir, dans sa conduite publique, les principes qu’il a établis dans ses écrits, et l’habitude qu’il s’est faite d’aimer la vérité pour elle-même.

De tels hommes feraient le bonheur d’une nation ; mais pour rendre ce bonheur durable, il faut que de bonnes lois augmentent tellement le nombre des sages, qu’il ne soit presque plus possible de faire un mauvais choix.

C’est encore un moyen de prévenir les