Page:Beccaria - Des délits et des peines, traduction CY, Brière, 1822.djvu/299

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connaissances et augmenté le nombre des bons livres, pense-t-on que des récompenses accordées par un monarque bienfaisant ne multiplieraient pas aussi les actions vertueuses ? La monnaie de l’honneur, distribuée avec sagesse, ne s’épuise jamais, et produit sans cesse de bons fruits.

Enfin, le moyen le plus sûr, mais en même temps le plus difficile, de rendre les hommes moins portés à mal faire, c’est de perfectionner l’éducation.

Cet objet est trop vaste pour entrer dans les bornes que je me suis prescrites. Mais, j’ose le dire, cet objet est si étroitement lié avec la nature du gouvernement[1], qu’il ne sera qu’un champ stérile, et cultivé seule-

  1. « Les lois de l’éducation sont les premières que nous recevons ; et comme elles nous préparent à être citoyens, chaque famille particulière doit être gouvernée sur le plan de la grande famille, qui les comprend toutes. — Si le peuple en général a un principe, les parties qui le composent, c’est-à-dire, les familles, l’auront aussi. Les lois de l’éducation seront donc différentes dans chaque espèce de gouvernement. Dans les monarchies, elles auront pour objet, l’honneur ; dans les républiques, la vertu ; dans le despotisme, la crainte. » (Montesquieu, de l’Esprit des lois, Liv. IV, chap. 1.)