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Page:Beccaria - Des délits et des peines, traduction CY, Brière, 1822.djvu/314

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§ IV.

De l’Extirpation des Hérésies.

Il faut, ce me semble, distinguer dans une hérésie l’opinion et la faction. Dès les premiers temps du christianisme, les opinions furent partagées : les Chrétiens d’Alexandrie ne pensaient pas, sur plusieurs points, comme ceux d’Antioche. Les Achaïens étaient opposés aux Asiatiques. Cette diversité a duré dans tous les temps, et durera vraisemblablement toujours. Jésus-Christ, qui pouvait réunir tous ses fidèles dans le même sentiment, ne l’a pas fait ; il est donc à présumer qu’il ne l’a pas voulu, et que son dessin était d’exercer toutes ses églises à l’indulgence et à la charité, en leur permettant des systèmes différens, qui tous se réunissaient à le reconnaître pour leur chef et leur maître. Toutes ces sectes, long-temps tolérées par les empereurs, ou cachées à leurs yeux, ne pouvaient se persécuter et se proscrire les unes les autres, puisqu’elles étaient également soumises aux magistrats romains ; elles ne pouvaient que disputer. Quand les magistrats les poursui-