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Page:Beccaria - Des délits et des peines, traduction CY, Brière, 1822.djvu/318

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langue avec un fer ardent. C’était une espèce de talion ; le membre qui avait péché en souffrait la peine. Mais il était fort difficile de décider ce qui est un blasphème. Il échappe dans la colère, ou dans la joie, ou dans la simple conversation, des expressions qui ne sont, à proprement parler, que des explétives, comme le sela et le vah des Hébreux, le pol et l’œdepol des Latins, et comme le per deos immortales dont on se servait à tout propos, sans faire réellement un serment par les dieux immortels.

Ces mots, qu’on appelle juremens, blasphèmes, sont communément des termes vagues, qu’on interprète arbitrairement ; la loi qui les punit semble prise de celle des Juifs, qui dit : « Tu ne prendras point le nom de Dieu en vain. » Les plus habiles interprètes croient que cette loi défend le parjure, et ils ont d’autant plus de raison, que le mot shavé qu’on a traduit par en vain, signifie proprement le parjure. Or, quel rapport le parjure peut-il avoir avec ces mots, qu’on adoucit par cadédis, cabo de dios, sangbleu, ventrebleu, corbleu, corpo di dio ?

Les Juifs juraient par la vie de Dieu : Vivit Dominus. C’était une formule ordinaire. Il n’é-