Aller au contenu

Page:Beccaria - Des délits et des peines, traduction CY, Brière, 1822.djvu/330

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ans de raison et de vertu pour expier un pareil jugement.

§ VIII.

Histoire de Simon Morin.

La fin tragique de Simon Morin n’effraie pas moins que celle d’Antoine. Ce fut au milieu des fêtes d’une cour brillante, parmi les amours et les plaisirs, ce fut même dans le temps de la plus grande licence, que ce malheureux fut brûlé à Paris, en 1663. C’était un insensé qui croyait avoir eu des visions, et qui poussa la folie jusqu’à se croire envoyé de Dieu, et à se dire incorporé à Jésus-Christ.

Le parlement le condamna très-sagement à être enfermé aux petites maisons. Ce qui est extrêmement singulier, c’est qu’il y avait alors, dans le même hôpital, un autre fou qui se disait le Père éternel, de qui même la démence a passé en proverbe. Simon Morin fut si frappé de la folie de son compagnon, qu’il reconnut la sienne. Il parut rentrer pour quelque temps dans son bon sens ; il exposa son repentir aux magistrats, et malheureusement pour lui, il obtint son élargissement.