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Page:Beccaria - Des délits et des peines, traduction CY, Brière, 1822.djvu/333

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§ IX.

Des Sorciers.

En 1749[1], on brûla une femme dans l’évêché de Würtzbourg, convaincue d’être sorcière. C’est un grand phénomène dans le siècle où nous sommes. Mais est-il possible que des peuples qui se vantaient d’être réformés, et de fouler aux pieds les superstitions, qui pensaient enfin avoir perfectionné leur raison, aient pourtant cru aux sortiléges ; aient fait brûler de pauvres femmes accusées d’être sorcières, et cela plus de cent années après la prétendue réforme de leur raison ?

Dès l’année 1652[2], une paysanne du petit territoire de Genève, nommée Michelle Chaudron, rencontra le diable en sortant de la ville. Le diable lui donna un baiser, reçut son hommage, et imprima sur sa lèvre supérieure et à son téton droit, la marque qu’il a coutume d’appliquer à toutes les personnes

  1. En 1750, suivant le Dict. phil., art. Bekker.
  2. Voyez dans le Dict. phil., au mot Bekker.