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Page:Beccaria - Des délits et des peines, traduction CY, Brière, 1822.djvu/369

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la loi de l’empereur Marc-Antonin, qui ne fut jamais révoquée.

« Si votre père ou votre frère, n’étant prévenu d’aucun crime, se tue, ou pour se soustraire aux douleurs, ou par ennui de la vie, ou par désespoir, ou par démence, que son testament soit valable, ou que ses héritiers succèdent par intestat[1]. »

Malgré cette loi humaine de nos maîtres, nous traînons encore sur la claie, nous traversons d’un pieu le cadavre d’un homme qui est mort volontairement ; nous rendons sa mémoire infime. Nous déshonorons sa famille autant qu’il est en nous. Nous punissons le fils d’avoir perdu son père, et la veuve d’être privée de son mari. On confisque même le bien du mort, ce qui est en effet ravir le patrimoine des vivans auxquels il appartient. Cette coutume, comme plusieurs autres, est dérivée de notre droit canon, qui prive de la sépulture ceux qui meurent d’une mort volontaire. On conclut de là qu’on ne peut hériter d’un homme qui est censé n’avoir point d’héritage au ciel. Le droit canon au titre de pænitentiâ, assure que Judas commit

  1. Leg. i, Cod. Lib. ix, tit. 50. De bonis eorum qui sibi mortem, etc.