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Page:Beccaria - Des délits et des peines, traduction CY, Brière, 1822.djvu/400

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rieur, sans employer la peine de mort contre aucun coupable ? Diodore (liv. i, chap. 65) rapporte que Sabacon, roi d’Égypte, se fit admirer comme un modèle de clémence, parce qu’il commua les peines capitales en celles de l’esclavage, et qu’il fit un heureux emploi de son autorité en condamnant les coupables aux travaux publics. Strabon (liv. xi) nous apprend qu’il y avait, auprès du Caucase, quelques nations qui ne connaissaient pas la peine de mort, lors même que le délit méritait les plus grands supplices, nemini mortem irrogare, quamvis pessima merito. Cette vérité est consignée dans l’histoire romaine, à l’époque de la loi Porcia, qui défend d’ôter la vie à un citoyen romain, si la sentence de mort n’est pas revêtue du consentement général de tout le peuple. Tite-live parle de cette loi (liv. x, chap. 9). Enfin l’exemple récent d’un règne de vingt années, dans le plus vaste empire du monde, la Russie, atteste encore cette vérité ; l’impératrice Elisabeth, morte il y a quelques années, jura, en montant sur le trône des Czars, de ne faire mourir aucun coupable sous son règne. Cette auguste princesse a rempli constamment l’heureuse obligation qu’elle s’était imposée, sans interrompre le cours de la justice criminelle, et sans donner atteinte à la tranquillité publique. Si ces faits sont incontestables, il sera donc vrai de dire qu’un état peut subsister et être heureux, sans punir de mort aucun criminel.

FIN DE LA RÉPONSE AUX NOTES ET OBSERVATIONS.