Page:Beckford - Vathek, éd. Mallarmé, 1893.djvu/101

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

viennent selon l’ordre du succès qu’ils ont eu dans leurs jeux ! Au premier des vainqueurs je donnerai mon bracelet de diamants, au second mon collier d’émeraudes, au troisième ma ceinture de topaze, et à chacun des autres, quelque pièce de mon habillement, jusqu’à mes pantoufles.

À ces paroles, les acclamations redoublèrent ; on portait aux nues la bonté d’un prince qui se mettait tout nu pour amuser ses sujets, et encourager la jeunesse. Cependant le Calife, se déshabillant peu à peu, et élevant le bras aussi haut qu’il pouvait, faisait briller chacun des prix ; mais, tandis que d’une main il le donnait à l’enfant qui se hâtait de le recevoir, de l’autre il le poussait dans le gouffre, où le Giaour toujours grommelant, répétait sans cesse : Encore ! encore !…

Cet horrible manège était si rapide, que l’enfant qui accourait ne pouvait pas se douter du sort de ceux qui l’avaient précédé ; et quant aux spectateurs, l’obscurité et la distance les empêchaient de voir.