Page:Beckford - Vathek, éd. Mallarmé, 1893.djvu/79

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

devinas bien ; quant à mes présents, je ne reprends jamais ce que j’ai donné. Le vieillard, assez sage pour penser qu’il était quitte à bon marché de la sottise qu’il avait faite en disant à son maître une vérité désagréable, se retira aussitôt et ne reparut plus.

Vathek ne tarda point à se repentir de son impétuosité. Comme il ne cessait d’examiner ces caractères, il s’aperçut bien qu’ils changeaient tous les jours ; et personne ne se présentait pour les expliquer. Cette inquiète occupation enflamma son sang, lui causa des vertiges, des éblouissements, et une si grande faiblesse qu’à peine il pouvait se soutenir ; dans cet état, il ne laissait pas que de se faire porter à la tour, espérant de lire quelque chose d’agréable dans les astres ; mais il se trompa dans cet espoir. Ses yeux, offusqués par les vapeurs de sa tête, le servaient mal ; il ne voyait plus qu’un nuage noir et épais : augure qui lui semblait des plus funestes.

Harassé de tant de soucis, le Calife per-