Page:Beckford - Vathek, éd. Mallarmé, 1893.djvu/98

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de ce qu’il en a coûté à plusieurs, la dernière fois qu’on avait pris ce chemin.

La soirée était belle, l’air frais, le ciel serein ; les fleurs exhalaient leurs parfums : La nature en repos semblait se réjouir aux rayons du soleil couchant. Leur douce lumière dorait la cime de la montagne aux quatre sources ; elle en embellissait la descente et colorait les troupeaux bondissants. On n’entendait que le murmure des fontaines, le son des chalumeaux et la voix des bergers qui s’appelaient sur les collines.

Les malheureuses victimes qui allaient être immolées dans un instant ajoutaient encore à cette touchante scène. Pleins d’innocence et de sécurité, ces enfants s’avançaient vers la plaine en ne cessant de folâtrer ; l’un courait après des papillons, l’autre cueillait des fleurs, ou ramassait de petites pierres luisantes ; plusieurs s’éloignaient d’un pas léger pour avoir le plaisir de s’atteindre et de se donner mille baisers.