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CONTE ARABE.

aux hymnes qu’on chante sur les tombeaux. Un bruit, comme celui qu’on fait en remplissant des bains, frappa en même tems ses oreilles. Elle découvrit de grands cierges flamboyans, plantés çà & là, dans les crevasses du rocher. Cet appareil la glaça d’épouvante : cependant elle continua de monter ; l’odeur subtile & violente qu’exhaloient ces cierges la ranima, & elle arriva à l’entrée de la grotte.

Dans cette espèce d’extase, elle jetta les yeux dans l’intérieur, & vit une grande cuve d’or, remplie d’une eau dont la suave vapeur distilloit sur son visage une pluie d’essence de roses. Une douce symphonie résonnoit dans la caverne ; sur les bords de la cuve, se trouvoient des habillemens royaux, des diadêmes & des plumes de héron, toutes étincelantes d’escarboucles57. Pendant qu’elle admiroit cette magnificence, la musique cessa, & une voix se fit entendre, disant : pour quel Monarque a-t-on allumé ces cierges, préparé ce bain & ces habillemens qui ne conviennent qu’aux Souverains, non-seulement de la terre, mais même des puissances talismaniques ? — c’est pour la charmante fille de l’Emir Fakreddin, répondit une seconde voix. — Quoi ! repartit la première, pour cette folâtra