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CONTE ARABE.

Petite impertinente, disoit-il, ou vous avez de fausses clefs, ou vous êtes aimée de quelque Ginn, qui vous donne des passe-partouts. Je vais voir quelle est votre puissance ; entrez vîte dans la chambre aux deux lucarnes, & ne comptez pas que Gulchenrouz vous y accompagne : allons, marchez, Madame, je vais vous y enfermer à double tour. À ces menaces, Nouronihar leva sa tête altière, & ouvrit sur Shaban ses yeux noirs, beaucoup agrandis depuis le dialogue de la grotte merveilleuse ; va, lui dit-elle, parle ainsi à des esclaves ; mais respecte celle qui est née pour donner des loix, & soumettre tout à son empire.

Elle alloit continuer sur le même ton, quand on entendit crier : voici le Calife ! voici le Calife ! Aussi-tôt toutes les portières furent tirées, les esclaves se prosternèrent en doubles rangs, & le pauvre petit Gulchenrouz se cacha sous une estrade. D’abord, on vit paroître une file d’eunuques noirs, tramant après eux de longues robes de mousseline brochée d’or ; ils tenoient dans leurs mains des cassolettes, qui répandoient un doux parfum de bois d’aloës. Ensuite marchoit gravement Bababalouk, qui n’étoit pas trop content de la visite, & branloit la tête. Vathek, habillé magnifiquement, le suivoit de près. Sa