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VATHEK,

voilà, selon mon calcul, tout le tems que Vathek prendra, & j’en serai quitte.

L’idée est bonne, dit Sutlemémé ; il en faut tirer tout le parti possible. Nouronihar me paroît avoir du goût pour le Calife. Soyez sûr qu’aussi long-tems qu’elle le saura ici, malgré tout son attachement pour Gulchenrouz, nous ne pourrons pas la faire tenir dans ces montagnes. Persuadons-lui qu’elle est réellement morte, ainsi que Gulchenrouz, & que tous deux ont été transportés dans ces rochers, pour y expier les petites fautes que l’amour leur a fait commettre. Nous leur dirons que nous nous sommes tués de désespoir, & vos petits nains, qu’ils n’ont jamais vus, leur paroîtront des personnages extraordinaires. Les sermons qu’ils leur feront produiront un grand effet sur eux, & je gage que tout se passera le mieux du monde. J’approuve ton idée, dit Fakreddin ; mettons la main à l’œuvre.

Aussi-tôt, on alla chercher la poudre ; on la mit dans du sorbet, & Nouronihar & Gulchenrouz, sans se douter de rien, avalèrent le mélange. Une heure après, ils sentirent des angoisses & des palpitations de cœur. Un engourdissement universel s’empara d’eux. Ils se levèrent, & montant l’estrade avec peine, ils s’étendirent sur