Page:Beckford - Vathek 1787 Paris.djvu/138

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
130
VATHEK,

pouvoit s'empêcher de penser quelquefois aux graces de son petit Gulchenrouz, & aux journées de tendresse qu'elle avoit passées avec lui ; quelques larmes mouillèrent ses yeux & n'échappèrent pas au Calife ; elle dit même tout haut & par inadvertence : hélas ! mon doux cousin, que deviendrez-vous ? À ces mots, Vathek fronça le sourcil, & Carathis s'écria ; que signifient ces grimaces, qu'a-t-elle dit? Le Calife répondit; elle donne mal-à-propos un soupir à un petit garçon aux yeux langoureux & aux douces tresses qui l'aimoit. Où est-il ? repartit Carathis, il faut que je fasse connoissance avec ce joli enfant; car, poursuivit-elle tout bas, j'ai dessein avant que de partir, de me remettre en grace avec le Giaour ; il n'y aura rien de plus appétissant pour lui que le cœur d'un enfant délicat, qui s'abandonne aux premières impulsions de l'amour.

Vathek, en sortant du bain, donna ordre à Bababalouk de rassembler ses troupes, ses femmes, & les autres meubles de son sérail, & de tout préparer pour partir dans trois jours. Quant à Carathis, elle se retira seule dans une tente, où le Giaour s'amusa avec des visions encourageantes. À son réveil, elle vit à ses pieds Narkès & Cafour, qui, par leurs signes, lui apprirent