Page:Beckford - Vathek 1787 Paris.djvu/155

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
147
CONTE ARABE

des hautes colonnes qui s’élevoient de la terrasse presque jusqu’aux nues. Ces tristes phares, dont le nombre pouvoit à peine se compter, n’étoient couverts d’aucun toît ; & leurs chapiteaux, d’une architecture inconnue dans les annales de la terre, servoient de retraite aux oiseaux nocturnes, qui, alarmés à l’approche de tant de monde, s’enfuirent en croassant.

Le chef des eunuques, transi de peur, supplia Vathek de permettre qu’on allumât du feu, & qu’on prît quelque nourriture. Non, non, répondit le Calife, il n’est plus tems de penser à ces sortes de choses ; reste où tu es, & attends mes ordres. En disant ces mots d’un ton ferme, il présenta la main à Nouronihar, & montant les degrés d’une vaste rampe, parvint sur la terrasse qui étoit pavée de carreaux de marbre, & semblable à un lac uni, où nulle herbe ne peut croître. À la droite, étoient les phares rangés devant les ruines d’un palais immense, dont les murs étoient couverts de diverses figures ; en face, on voyoit les statues gigantesques de quatre animaux qui tenoient du griffon & du léopard, & qui inspiroient l’effroi ; non loin d’eux, on distinguoit à la clarté de la lune, qui donnoit particuliérement sur cet endroit, des caractères semblables à