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CONTE ARABE

Carathis sur le dos de l’Afrite, qui se plaignoit horriblement de son fardeau. Elle sauta à terre, & s’approchant de son fils, lui dit ; que fais-tu ici dans cette petite chambre ? En voyant que les Dives t’obéissent, j’ai cru que tu étois placé sur le trône des Rois préadamites.

Femme exécrable, répondit le Calife, que maudit soit le jour où tu m’as mis au monde ! Va, suis cet Afrite, qu’il te mène dans la salle du prophète Suleïman ; là, tu apprendras à quoi est destiné ce palais qui t’a paru si desirable, & combien je dois abhorrer les impies connoissances que tu m’as données ! La puissance où tu es parvenu, t’a-t-elle troublé la tête, repliqua Carathis ? Je ne demande pas mieux que de rendre mes hommages à Suleïman le prophète. Il faut pourtant que tu saches que l’Afrite m’ayant dit que ni toi ni moi nous ne retournerions pas à Samarah, je l’ai prié de me laisser mettre ordre à mes affaires, & qu’il a eu la politesse d’y consentir. Je n’ai pas manqué de mettre à profit ces instans ; j’ai mis le feu à notre tour où j’ai brûlé tout vifs les muets, les négresses, les torpèdes & les serpens, qui pourtant m’avoient rendu beaucoup de services, & j’en aurois fait autant au grand visir, s’il ne m’avoit pas abandonnée