Page:Beckford - Vathek 1787 Paris.djvu/38

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Une nuit qu’il faisoit sa promenade solitaire dans la plaine, la lune & les étoiles s’éclipsèrent subitement ; d’épaisses ténèbres succédèrent à la lumière, & il entendit sortir de la terre qui trembloit, la voix du Giaour, criant avec un bruit plus fort que le tonnerre : « Veux-tu te donner à moi, adorer les influences terrestres, & renoncer à Mahomet ? À ces conditions, je t’ouvrirai le palais du feu souterrein. Là, sous des voûtes immenses, tu verras les trésors que les étoiles t’ont promis ; c’est de là que j’ai tiré mes sabres ; c’est là où Suleïman, fils de Daoud, repose environné des talismans qui subjuguent le monde ».

Le Calife étonné répondit en frémissant, mais pourtant du ton d’un homme qui se faisoit aux aventures surnaturelles : où es-tu ? parois à mes yeux ! dissipe ces ténèbres dont je suis las ! Après avoir brulé tant de flambeaux pour te découvrir, c’est bien le moins que tu me montres ton effroyable visage. Abjure donc Mahomet, reprit l’Indien ; donne-moi des preuves de ta sincérité, ou jamais tu ne me verras.

Le malheureux Calife promit tout. Aussi-tôt le Ciel s’éclaircit, & à la lueur des planètes qui sembloient enflammées, Vathek vit la terre entr’ouverte. Au fond paroissoit un portail d’é-