Page:Beckford - Vathek 1787 Paris.djvu/41

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les autres du retour de sa santé. La bonté du Calife enchante. Elle est bientôt connue de tout Samarah. On prépare des litières, des chameaux, des chevaux ; femmes, enfans, vieillards, jeunes gens, chacun se place selon son goût. Le cortège se met en marche, suivi de tous les confiseurs de la ville & des fauxbourgs ; le peuple suit à pied en foule ; tout le monde est dans la joie, & pas un ne se ressouvient de ce qu’il en a coûté à plusieurs, la dernière fois qu’on avoit pris ce chemin.

La soirée étoit belle, l’air frais, le ciel serein ; les fleurs exhaloient leurs parfums. La nature en repos sembloit se réjouir aux rayons du soleil couchant. Leur douce lumière doroit la cîme de la montagne aux quatre sources ; elle en embellissoit la descente & coloroit les troupeaux bondissans. On n’entendoit que le murmure des fontaines, le son des chalumeaux, & la voix des bergers qui s’appelloient sur les collines.

Les malheureuses victimes qui alloient être immolées dans un instant, ajoutoient encore à cette touchante scène. Pleins d’innocence & de sécurité, ces enfans s’avançoient vers la plaine en ne cessant de folâtrer ; l’un couroit après des papillons, l’autre cueilloit des fleurs, ou ramassoit de