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VATHEK,

sa composition ; car cette bonne Princesse avoit en horreur l’oisiveté.

Vathek n’étoit pas aussi laborieux que sa mère. Il passoit son tems à tirer parti des sens dans les palais qui leur étoient dédiés. On ne le voyoit plus ni au Divan, ni à la Mosquée ; & pendant qu’une moitié de Samarah suivoit son exemple, l’autre gémissoit des progrès de la corruption.

Sur ces entrefaites revint l’ambassade qu’on avoit envoyée à la Mecque, dans des tems plus pieux. Elle étoit composée des plus révérends Moullahs26. Leur mission étoit parfaitement remplie, & ils apportoient un de ces précieux balais, qui avoit nettoyé le sacré Cahaba27 : c’étoit un présent vraiment digne du plus grand prince de la terre.

Le Calife se trouvoit dans ce moment retenu en un lieu peu convenable pour recevoir des ambassadeurs. Il entendit la voix de Bababalouk qui crioit derrière les portières ; voici l’excellent Edris Al Shafei & le séraphique Mouhateddin, qui apportent le balai de la Mecque, & qui avec des larmes de joie desirent ardemment de le présenter à votre Majesté. Qu’on porte ce balai ici, dit Vathek ; il peut y être de quelque utilité. Comment ? répondit Bababalouk, hors de lui