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CONTE ARABE.

mort, sera un fort joli présent pour notre Giaour, qui doit aimer ces sortes de friandises.

Lorsque Carathis eut fini ce beau discours, le soleil se coucha derrière la montagne aux quatre sources, & fit place à la lune. Cet astre, alors dans son plein, paroissoit d’une beauté & d’une circonférence extraordinaire aux yeux des femmes, des eunuques & des pages qui brûloient de voyager. La ville retentissoit de cris de joie & de fanfares. On ne voyoit que plumes flottantes sur tous les pavillons, & qu’aigrettes brillant à la douce clarté de la lune. La grande place ne ressembloit pas mal à un parterre émaillé des plus belles tulipes de l’Orient.

Le Calife en habits de cérémonie, s’appuyant sur son visir & sur Bababalouk, descendit la grande rampe de la tour. La multitude entière étoit prosternée, & les chameaux magnifiquement chargés s’agenouissoient devant lui. Ce spectacle étoit superbe, & le Calife lui-même s’arrêta pour l’admirer. Tout étoit dans un silence respectueux : il fut pourtant un peu troublé par les cris des eunuques de l’arrière-garde30. Ces vigilans serviteurs avoient remarqué que quelques cages à dame31 penchoient trop d’un côté : certains gaillards s’y étoient adroitement glissés ; mais on