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CONTE ARABE.

N’en pouvant plus, il se réveille en sursaut, & hors de lui ; il ne savoit que devenir, & se débattoit de toutes ses forces, tandis que Bababalouk continuoit de ronfler, couvert de ces vilains insectes qui lui courtisoient le nez. Les petits pages avoient jetté leurs éventails par terre. Ils étoient à moitié morts, & employoient leurs voix expirantes à faire des reproches amers au Calife, qui, pour la première fois de sa vie, entendit la verité.

Alors, il renouvella ses imprécations contre le Giaour, & commence même à dire quelques douceurs à Mahomet. Où suis-je ? s’écrioit-il : quels sont ces affreux rochers ! ces vallées de ténèbres ! sommes-nous arrivés à l’épouvantable Caf36 ! la Simorgue37 va-t-elle venir me crever les yeux pour venger mon expédition impie ! En parlant ainsi, il mit la tête à une ouverture du pavillon ; mais hélas ! quels objets se présentèrent à sa vue ! D’un côté, une plaine de sable noir dont on ne voyoit point l’extrémité ; de l’autre, des rochers perpendiculaires tout couverts de ces abominables chardons qui lui faisoient encore cuire la langue. Il crut pourtant découvrir parmi les ronces & les épines, quelques fleurs gigantesques ; il se trompoit : ce