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CONTE ARABE.

fournit de quoi faire l’Abdeste40, & jamais un jour ne se passe sans que nous récitions les prières prescrites par notre saint Prophète. Nous vous chérissons, ô Commandeur des Fidèles ! Notre maître, le bon Emir Fakreddin vous chérit aussi ; il révère en vous le Vicaire de Mahomet. Tout petits que nous sommes, il a de la confiance en nous ; il fait que nos cœurs sont aussi bons que nos corps sont méprisables ; & il nous a placés ici pour secourir ceux qui s’égarent dans ces tristes montagnes. Nous étions, la nuit dernière, occupés dans notre petite cellule de la lecture du saint Coran, lorsque les vents impétueux ont éteint tout-à-coup nos lumières, & fait trembler notre habitation. Deux heures se sont écoulées dans les plus profondes ténèbres ; alors, nous entendîmes au loin des sons que nous avons pris pour ceux des clochettes d’un Cafila41 qui traversoit les rocs. Bientôt des cris, des rugissemens & le son des tymbales ont frappé nos oreilles. Glacés d’effroi, nous avons pensé que le Deggial42 avec ses anges exterminateurs, venoit répandre ses fléaux sur la terre. Au milieu de ces réflexions, des flammes couleur de sang se sont élevées sur l’horison, & quelques