Page:Becque - Le Frisson, 1884.djvu/18

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.



Le matin, en ouvrant les yeux à la lumière,
Frisson ! Pour allumer son feu, nouveau frisson !
Frisson, en entendant le pas de sa portière !
Et ce sont des frissons à perdre la raison.


Lassé de son frisson, on prend celui d’un autre,
On ouvre Baudelaire en poussant ses tisons ;
Et l’on se berce alors, on se grise, on se vautre,
Dans la collection des modernes frissons.


On sort. Les voilà donc ces cités qu’on renomme !
Toujours la même brume et le même horizon !
Penser comme Pascal, parler comme Prudhomme,
Ah ! misérable acteur ! Frisson, frisson, frisson !


Biens légers qu’on envie et dont on s’embarrasse,
Qu’êtes-vous, tristes biens, devant notre raison ?
La beauté n’a qu’une heure, elle frissonne et passe !
Le pouvoir ? Une erreur ! Le génie ? Un frisson !