Page:Becque - Théâtre complet, 1890, tome 1.djvu/193

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de mes travaux et la haine de mes ennemis n’ont pu les vaincre, et aujourd’hui que je ne compte plus —parmi les vivants, elles résistent encore a une dissolution prochaine.

MADAME DE LA ROSERAYE

Je ne sais si vous pensez comme moi, mais on arrive à un âge où l’on ne voudrait pas recommencer la vie, tant elle contient de fatigues et de peines.

LE BARON

Bonne chère madame, vous me parlez de vos peines, en avez-vous connu de bien véritables, et le bonheur ne fait-il pas partie de la perfection de votre sexe ? Quelle est la femme qui ne garde au moins le souvenir de ses vingt premières années ? Les protections naturelles de l’enfance vous ont-elles failli ? non 1 soins et caresses, le plaisir du miroir et la joie du bal, vous avez aimé tout cela.

MADAME DE LA ROSERAYE

Il est vrai. Le temps que vous rappelez est le meilleur pour nous autres femmes et celui que nous abrégeons le plus volontiers.

LE BARON

Vous avez été mariée à un homme supérieur en tout, par les grâces de sa personne comme par les qualités de son esprit : union charmante, digne de vous, digne de lui, dont les charges ont été si légères que vous les avez même ignorées. Le refus