Page:Becque - Théâtre complet, 1890, tome 1.djvu/226

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LE COMTE

Mais il a déjà un nom : Cadet Roussel ! Voulez-vous que je le débaptise pour lui donner le vôtre ?

HÉLÈNE

Croyez-vous me blesser par cette proposition ? J’accepterais joyeusement ce moyen ou tout autre de me rappeler à votre pensée. Mon nom, je voudrais qu’il vous fût présent à toute heure, que vous l’entendissiez mille fois par jour, qu’il fût écrit sur vos murs, sur vos armes, sur votre chair, je serais sûre alors que vous ne l’oublieriez ni demain, ni jamais.

LE COMTE

Partons nous ?… ou bien si c’est toujours la même chose, du canon dans vos paroles et pas plus de bravoure qu’un boutiquier.

HÉLÈNE

Je vous ai dérangé, je le vois, en vous priant de venir.

LE COMTE

C’est vous que j’attendais tous les jours et non pas un mot de vous. Je comptais que notre dernière conversation vous aurait décidée et que vous prendriez votre parti, un parti franc et loyal. Que penseriez-vous d’un homme qui irait jusque sur le terrain, et là se rétracterait ? Vous ne faites pas autre chose.

HÉLÈNE

Je serais bien à plaindre, si je vous avais donné