Page:Becque - Théâtre complet, 1890, tome 1.djvu/240

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

je ne suis pas si terrible qu’une confidence puisse vous effrayer ; elle vous soulagera au contraire, et je vous serai reconnaissante de me l’avoir faite.

DE LA ROSERAYE

N’insistez pas, je vous le répète. Vous me prieriez inutilement ; je ne dirai rien.

MADAME DE LA ROSERAYE

Vous me devez, Henri, l’explication que je vous demande ; je l’attends et je la veux. En vous confiant autrefois ma dot, qui devait à tout hasard être la. dot d’Hélène, j’ai acquis sur la gestion de vos affaires des droits réguliers. C’est la première fois que je vous les rappelle. Je n’ai pas voulu troubler votre prospérité passagère par une réclamation d’intérêts, j’ai eu tort ; vous m’auriez accusée peut-être de me venger de votre abandon… en vous coupant les vivres, mais j’aurais fait mon devoir, et aujourd’hui l’avenir de ma fille, la sécurité de ma vieillesse ne se trouveraient pas compromis par les désordres d’un libertin.

DE LA ROSERAYE, fondant en larmes

Ah ! tu ne sais pas combien tu es cruelle !

MADAME DE LA ROSERAYE

Parle alors. Mais parle donc. Est-ce que je ne souffre pas aussi ? Est-ce que je ne pleure pas comme toi ? Une minute de calme et de réflexion vaudrait mieux que toutes tes larmes et les miennes. Sois franc, complètement sincère, ne me cache rien, et si tu manques