Page:Becque - Théâtre complet, 1890, tome 1.djvu/243

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pur. Jugerais-tu ta fille autrement et la croirais-tu capable de manquer aux exemples d’honneur et de vertu que tu lui as donnés ?

MADAME DE LA ROSERAYE

Oh ! quels soupçons, Henri !… Dieu me préserve d’en avoir jamais de semblables sur mon enfant. J’ai voulu dire seulement qu’Hélène ne trouve d’autre prix à l’existence que celui que lui donne la richesse. C’est de toi qu’elle tient ces besoins de luxe et de somptuosité ; c’est à toi maintenant à lui donner un autre exemple et de plus sages habitudes.

DE LA ROSERAYE

Écoute-moi à ton tour, Jeanne ; oui, j’ai été léger, oublieux, cruel ; je t’ai négligée.et affligée, mais je garde encore intact le souvenir de nos jeunes amours et le respect de tes vertus’admirables. Quant à Hélène, un autre père l’eût élevée plus sagement peut-être, il ne l’aurait pas aimée plus tendrement. Toutes deux vous avez été toujours les premières dans ma pensée, et lorsqu’il m’arrivait de déserter ma maison, je savais au moins qu’elle était hospitalière pour les femmes chéries et honorées que j’y laissais.

MADAME DE LA ROSERAYE

Ne reviens pas sur le passé, mon ami, il est oublié.

DE LA ROSERAYE

Laisse-moi tout dire. Mes charges étaient lourdes : elles exigeaient de grands efforts et-de grands