Vous partez décidément ?
Oui.
Je vous ai dit des folies tout à l’heure, ma bonne mère, mais vous savez le peu d’importance qu’ont mes paroles. Je ne regrette rien ; je ne suis ni un monstre ni une victime ; le bonheur de la maison est entre mes mains, il ne s’échappera pas par ma faute.
Je ne veux pas me torturer la tête aujourd’hui, et j’ai confiance dans l’avenir. Viens dans mes bras, mon enfant, que je te sente encore une fois sur mon cœur. Cette minute est la dernière qui me reste, nous ne nous quittons pas, je le sais, mais tu ne m’appartiendras plus comme autrefois. Tu apprendras bientôt comme nos affections sont infidèles et comme on oublie vite, même sa mère. J’ai bien aimé la mienne et pourtant je me reprochais déjà de l’abandonner quand tu es venue au monde. Chère petite, où est le temps où je te portais tout endormie dans ton berceau ! Tu m’as causé bien des tristesses, mais que de joies aussi tu me rappelles, que de consolations 1 ? C’est ton tour maintenant ! Ta vie sera plus douce que la mienne, tu vas t’épanouir paisiblement aimée, fêtée, choyée… Un jour viendra où je passerai dans les grand’mè