Page:Becque - Théâtre complet, 1890, tome 1.djvu/307

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yance, vous ignorez ce qu’est le supplice d’une mère qui n’a pas gardé l’honneur de son enfant égarée ou séduite, coupable dans les deux cas, si Hélène s’était jetée à mon cou, j’aurais pris ma part de sa faute, et nous l’aurions expiée ensemble. Mais il ne s’agit même plus de sa faute, elle a disparu dans son crime !

? Est-ce possible ! Je n’ai rencontré qu’un être, un seul, qui fût bon, dévoué, respectueux, son affection m’était douce, son mérite m’était cher ; je suivais chaque jour le progrès de ses travaux et le développement de son esprit. Parti de rien, il allait arriver à tout. Cette existence a été détruite, cette intelligence a été foudroyée, cet être est à deux doigts de la folie ou de la mort. Et c’est ma fille… je n’ai plus de fille… il est là, mon enfant, il est là.

LE BARON

Oui, vous dites juste, votre enfant véritable, c’est bien lui et il était digne de toutes vos tendresses, mais elle, elle a droit à toutes vos indulgences. Son repentir est sincère, sa douleur est profonde. Prenez garde, Hélène ressemble beaucoup à son père, elle pourrait finir comme lui,

MADAME DE LA ROSERAYE

Allez, allez, frappez-moi, meurtrissez-moi. Ce n’est pas assez du spectacle que j’ai sous les yeux, rappelez-moi le plus cruel des souvenirs. Vous me déchirerez le cœur, vous ne l’attendrirez pas. Que me demandez-vous ? de pardonner à une libertine