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CONCLUSIONS GÉNÉRALES

imposées par la Nature aux relations entre la matière et l’Espace-Temps, ou ne sont-elles que des identifications de l’aspect physique et de l’aspect géométrique des propriétés d’une même entité ? Si l’Espace-Temps et la matière sont deux entités distinctes, les lois fondamentales sont des équations. Mais si l’on admet, avec M. Eddington, que les particules qui, en dernière analyse, constituent la matière ne sont autre chose qu’une structure géométrique d’Univers, la matière cesse d’être une entité primordiale, les tenseurs mécaniques et physiques deviennent des tenseurs géométriques vus sous un aspect relatif à notre interprétation de la Nature, relatif à notre entendement.

Admettons cette conception. Est-ce dire que la loi de la gravitation est complètement subjective ? Non pas, au fond, car il existe un théorème de géométrie, qui se traduit par les quatre identités dont nous avons parlé (p. 108) : c’est là une propriété intrinsèque de la multiplicité quadridimensionnelle qui constitue l’Univers, c’est une vérité objective. Mais la loi de conservation de l’impulsion-énergie et la loi de la gravitation sont des aspects subjectifs de cette vérité. L’homme a recherché ce qui, dans la Nature, se présente à ses yeux comme permanent : il a trouvé les lois de conservation de la masse, de l’énergie, de la quantité de mouvement ; par synthèses successives, il a été conduit à identifier les grandeurs physiques qu’on peut grouper dans le tenseur matériel avec celles qui constituent un tenseur géométrique, le tenseur (éq. 25, p. 119) dont le théorème mentionné plus haut exprime précisément les propriétés de permanence : c’est la loi de la gravitation, d’où découle toute la dynamique. On ne peut pas prétendre que la Nature force la matière à suivre cette loi, car c’est nous qui définissons la