Page:Becquerel - Exposé élémentaire de la théorie d’Einstein et de sa généralisation.djvu/88

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
84
RELATIVITÉ GÉNÉRALISÉE ET GRAVITATION

homme il n’y a pas de pesanteur, pas de direction privilégiée.

Supposons maintenant que, par un câble fixé à un crochet au milieu de la toiture de la chambre, un être extérieur se mette à tirer avec une force constante. Pour un observateur immobile dans le système galiléen, la chambre va prendre un mouvement uniformément accéléré et sa vitesse croîtra d’une façon fantastique. Mais toute autre sera l’opinion de l’homme enfermé dans la chambre : l’accélération va projeter cet homme sur le plancher, pour lui il y aura un « haut » et un « bas » comme dans une chambre sur la terre ; il constatera que tous les objets tombent avec une même accélération ; sa première impression sera qu’il se trouve dans un champ de gravitation.

À la réflexion, il se demandera pourquoi il ne tombe pas en chute libre, ce qui ferait disparaître la pesanteur. Cherchant ce qui se passe, il découvrira le crochet et le câble tendu : cette fois tout sera clair pour lui, il se dira : ma chambre est suspendue, au repos, dans un champ de gravitation.

Cet homme est-il dans l’erreur ? nullement : il a parfaitement le droit de considérer sa chambre comme immobile, bien qu’elle soit accélérée relativement à l’espace galiléen. On voit que la possibilité de cette interprétation repose sur la propriété fondamentale d’un champ de gravitation, de donner à tous les corps la même accélération, c’est-à-dire sur l’égalité de la masse pesante et de la masse inerte.

3o LE BOULET DE JULES VERNE. — Au lieu d’imaginer que la chambre de l’observateur est loin de toute matière, supposons-la, au contraire, en chute libre (sans rotation) dans le champ de gravitation d’un astre. La