Page:Bedier - La Chanson de Roland.djvu/281

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cherche à joindre ! Combien de barons il requiert de ses armes ! Un plus vaillant que lui, je ne le demande pas. Secourez-le de vos épieux tranchants ! » À ces mots, les païens s’élancent. Ils frappent des coups durs ; grand est le carnage. La bataille est merveilleuse et lourde : ni avant ni depuis, jamais on n’en vit une aussi rude.

CCXLIV

GRANDES sont les armées, les troupes hardies. Les corps de bataille sont tous engagés. Et les païens frappent merveilleusement. Dieu ! Tant de hampes rompues en deux, tant d’écus brisés, tant de brognes démaillées ! La terre en est toute jonchée, et l’herbe du champ qui est verte et fine..... L’émir invoque ses fidèles : « Frappez, barons, sur l’engeance chrétienne ! » La bataille est dure et obstinée. Ni avant ni depuis on n’en vit une aussi âpre. Jusqu’à la nuit, elle durera sans trêve.

CCXLV

L’ÉMIR requiert les siens : « Frappez, païens ; vous n’êtes venus que pour frapper ! Je vous donnerai des femmes nobles et belles, je vous donnerai des fiefs, des domaines, des terres. » Les païens répondent : « Ainsi devons-nous faire ! » À force de frapper à toute volée, nombre de leurs