Page:Beecher Stowe - La Case de l’oncle Tom, Sw Belloc, 1878.djvu/124

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avant de glisser ses pieds dans les douillettes pantoufles que, durant la session du Congrès, sa femme venait de lui broder.

Madame Bird, l’air ravi, tout en surveillant les arrangements de la table, distribuait çà et là quelques avertissements à un tas de petits espiègles lancés dans toutes les gambades et malices folâtres qui, depuis le déluge, étonnent si constamment les mères.

« Tommy, laisse en paix le bouton de la porte ; — là ! voilà un bon garçon ! — Mary, Mary, ne tire pas la queue du chat : pauvre minet ! — Jim, il ne faut pas grimper sur la table, — non ; du tout, du tout ! — C’est une si bonne surprise pour nous tous de vous avoir là ce soir ! dit-elle enfin à son mari dès qu’elle en trouva le moment.

— Oui, oui ; j’ai pensé que j’avais juste le temps de venir me reposer une soirée près de vous, et de passer au logis une nuit tranquille. Je suis harassé ! j’ai la tête rompue !

Madame Bird lança un coup d’œil au flacon de camphre que laissait apercevoir une armoire entr’ouverte ; elle se levait, M. Bird l’arrêta.

— Non, non, Marie, pas de drogues ! une tasse de votre thé, bien chaud, et quelques heures de bien-être au logis, voilà tout ce que je veux. Faire des lois est, ma foi, une rude besogne !

Et le sénateur sourit, heureux de se considérer comme une victime offerte à la patrie.

— Eh bien, dit sa femme lorsque ses occupations autour de la table commencèrent à se ralentir, qu’ont-ils donc fait au sénat ? »

Or, c’était chose inouïe pour la douce petite madame Bird de se troubler la tête des affaires des chambres législatives, ce qui se passait dans les siennes suffisant de reste à l’occuper. M. Bird ouvrit donc de grands yeux, comme il lui répondait : « Rien de bien important.