Page:Beecher Stowe - La Case de l’oncle Tom, Sw Belloc, 1878.djvu/144

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empressé, tout en parlant, de déboucher quelques bouteilles d’un cidre mousseux, le servit à son hôte.

— Vous ferez bien, voyez-vous, de nous rester jusqu’au jour, poursuivit-il cordialement. J’appellerai la vieille, et votre lit sera fait en un clin d’œil.

— Merci, mon bon ami, je devrais être parti déjà. Il faut que je prenne la diligence pour Colombus.

— Ah ! s’il le faut, alors je fais un bout de chemin avec vous, et je vous montrerai une traverse qui vaut mieux que la détestable route par laquelle vous êtes venu. »

Jean s’équipa, prit une lanterne, et guida la voiture par un chemin qui descendait vers le bas de la ferme. En le quittant le sénateur lui mit dans la main un billet de dix dollars.

« C’est pour elle, dit-il.

— Oui, oui, répliqua Van Trompe aussi brièvement. » Ils échangèrent une poignée de mains, et se séparèrent.



CHAPITRE XI

Prise de possession.


Le jour apparaît gris et brumeux à travers la fenêtre de la case de l’oncle Tom. Il éclaire des visages abattus, reflets de cœurs plus tristes encore. Une ou deux chemises grossières, mais propres, fraîchement repassées, sont posées sur le dos d’une chaise devant le feu, et sur la petite table à côté, tante Chloé en étale une troisième. Elle unit et aplatit d’un coup de fer chaque pli, chaque ourlet, avec la plus scrupuleuse exactitude : de temps à autre elle porte sa main à son visage pour essuyer les pleurs qui coulent le long de ses joues.

Tom est assis, sa Bible ouverte sur ses genoux, la tête appuyée sur sa main : tous deux se taisent. Il est de bonne