Page:Beecher Stowe - La Case de l’oncle Tom, Sw Belloc, 1878.djvu/166

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« Eh bien, Georges, vous voilà en fuite, à ce que je suppose ! — Vous avez planté là votre maître… (ce n’est pas que je m’en étonne), et pourtant je suis fâché, — Georges ; — oui, décidément… je dois vous le dire, Georges… c’est mon devoir.

— De quoi êtes vous fâché, monsieur ? demanda Georges avec calme.

— De vous voir, pour ainsi dire, en opposition directe avec les lois de votre pays.

— De mon pays ! répéta Georges avec une profonde amertume. Ai-je un autre pays que la tombe ?… Plût à Dieu que j’y fusse déjà !

— Eh non, non, Georges ! — ne dites pas cela ! ce sont de mauvaises et irréligieuses paroles ! Georges, vous avez un dur maître, — c’est vrai ! — il se conduit mal avec vous… je ne prétends pas le défendre. Mais vous savez que l’ange donna l’ordre à Agar de retourner vers sa maîtresse et de s’humilier devant elle. L’apôtre aussi renvoya Onésime à son maître.

— Ne me citez pas la Bible de cette façon, monsieur Wilson, dit Georges, l’œil étincelant ; non, ne me la citez pas ! car ma femme est chrétienne, et je veux l’être, si jamais j’arrive à le pouvoir. Me citer de pareils passages de la Bible, dans la passe où je suis, suffirait à m’en éloigner pour toujours. J’en appelle à Dieu tout-puissant : je suis prêt à plaider ma cause devant Lui, et à Lui demander si j’ai tort de vouloir être libre.

— Ce sont des sentiments très-naturels, Georges, reprit le digne fabricant, et il se moucha. — Oui, très-naturels ; mais il est de mon devoir de ne pas les encourager. Oui, mon brave garçon, j’en suis fâché pour vous ; c’est un cas grave, très-grave ! L’apôtre dit : « Que chacun demeure dans la condition à laquelle il est appelé. » Nous devons tous nous soumettre aux suggestions de la Providence, — voyez-vous, Georges ! »

Georges était debout, la tête en arrière, les bras étroitement