Page:Beecher Stowe - La Case de l’oncle Tom, Sw Belloc, 1878.djvu/175

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


— Oh ! ne dites pas cela, mon garçon ! dit le brave homme en sanglotant ; ne le pensez pas ! Il y a un Dieu pour tous. Les nuages et les ténèbres l’environnent, mais la justice et la droiture habitent près de son trône. Il y a un Dieu, Georges, croyez-le bien ; croyez en lui, et il vous secourra, j’en suis sûr. Tout sera redressé, — dans cette vie, ou dans l’autre. »

La piété sincère, la bienveillance réelle du bon vieillard lui prêtaient de l’autorité, de la dignité. Georges suspendit sa marche impétueuse, demeura pensif un moment, et dit d’une voix calme :

« Merci ! merci de m’avoir parlé ainsi. J’y songerai. »



CHAPITRE XIII

Incidents d’un commerce légal.


On a ouï dans Rama des cris, des lamentations, des pleurs et de grands gémissements : — Rachel pleurant ses enfants et ne voulant pas être consolée, parce qu’ils ne sont plus.
___Saint Mathieu, chap. II, verset 18.


M. Haley et Tom roulaient cahin caha, absorbés dans leurs réflexions. C’est chose merveilleuse que la variété qui se peut rencontrer dans les réflexions de deux hommes, assis côte à côte sur la même banquette, pourvus des mêmes organes, ayant de même des yeux, des oreilles, des mains, et voyant passer devant eux les mêmes objets.

M. Haley, par exemple, pensa d’abord à la taille de Tom, à sa largeur, à sa hauteur, à ce qu’il pourrait valoir, s’il était tenu gras et en bon état, lorsqu’il le produirait au marché. Il pensa ensuite à la manière dont il assortirait sa marchandise ; à la valeur approximative d’hommes, de femmes, d’enfants, qu’il se proposait d’acheter