Page:Beecher Stowe - La Case de l’oncle Tom, Sw Belloc, 1878.djvu/215

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petits paniers, il creusait de grotesques figures dans les noix d’hickory, et faisait d’admirables sauteurs en moelle de sureau. Pan lui-même n’était pas plus expert dans la fabrication de toutes sortes de flûtes et de sifflets. Ses poches regorgeaient de quantité de ces attrayantes amorces, préparées jadis pour les enfants de son maître, et qu’il produisait maintenant, une à une, avec économie et sagacité ; c’étaient des ouvertures à une plus ample connaissance, des appâts tendus à une future amitié.

Aisément effarouchée, en dépit de l’intérêt curieux qu’elle apportait à toutes choses, la petite s’apprivoisait peu : l’oiseau perchait sur quelque malle ou ballot dans le voisinage de Tom, épiant les mignonnes merveilles de sa façon, que l’enfant n’acceptait qu’avec une timidité rougissante et grave, à mesure qu’il les lui offrait ; cependant, à la longue, la familiarité arriva.

« Quel est le nom de la petite mamoiselle dit Tom, quand il crut pouvoir hasarder la question.

— Évangéline Saint-Clair, répondit la petite, quoique papa, quoique tout le monde m’appelle Éva. — Et vous, comment vous nomme-t-on ?

— Mon nom est Tom. — Mais j’étais toujours l’oncle Tom pour les petits enfants, là-haut, bien loin, dans le Kentucky.

— Alors, pour moi aussi vous serez l’oncle Tom, parce que, voyez-vous, je vous aime bien. Où allez-vous comme cela, oncle Tom ?

— Je n’en sais rien, mamoiselle Éva.

— Rien ! dit la petite.

— Non ; on va me vendre à quelqu’un. Je sais pas à qui.

— Papa peut vous acheter, dit vivement Éva ; et alors vous aurez du bon temps. Je vais le lui demander tout de suite.

— Grand merci ! ma petite dame, dit Tom. »

Le bateau s’arrêtait pour faire du bois : Éva, entendant la voix de son père, rebondit vers lui, et Tom s’empressa