Page:Beecher Stowe - La Case de l’oncle Tom, Sw Belloc, 1878.djvu/218

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— Oh ! certainement : c’est un appel direct à votre bienveillance, mon loyal ami. Eh bien, par charité chrétienne, que rabattrez-vous, pour obliger la jeune demoiselle qui en est si fort engouée ?

— Tenez, dit le marchand, regardez seulement l’article : voyez-moi un peu ces membres ! une poitrine large ! — c’est fort comme un cheval. — Examinez-moi cette tête ! ces hauts fronts-là font toujours des nègres calculateurs, qu’on peut mettre à tout. J’en ai fait plus d’une fois l’expérience. Maintenant, un noir de cette taille et de cette carrure monte toujours très-haut, rien que pour le coffre, fut-il, d’ailleurs, stupide : et ce n’est pas le cas de celui-ci : nous avons les facultés à additionner en outre. Je puis vous le prouver, monsieur, ce gaillard-là en a de rares ; et qui font naturellement hausser son prix. Savez-vous qu’il régissait toute la ferme de son maître ! Une capacité prodigieuse pour les affaires, monsieur !

— Fâcheux, très-fâcheux ! il en sait trop long, dit le jeune homme, le même sourire railleur se jouant autour de sa bouche. Cela ne le poussera pas au marché. Vos drôles si habiles sont sujets à prendre la fuite, à dérober les chevaux : ils ont le diable au corps. — Allons, deux cents dollars de moins, à raison de ses mérites.

— Je ne dis pas pour tout autre ; mais celui-ci vous a un caractère ! J’ai là les certificats et attestations de son maître, qui prouvent que c’est un de vos vrais dévots ; — la plus humble, la plus pieuse, la plus fervente créature qui se puisse voir. — Ils en faisaient leur prédicateur, là-bas, d’où il vient.

— Et je pourrai l’employer en guise d’aumônier, ajouta sèchement le jeune homme. Excellente idée ! la religion est parmi les articles rares au logis.

— Monsieur plaisante !

— Qu’en savez-vous ? — Ne venez-vous pas de me le garantir comme prédicateur breveté ? — A-t-il son diplôme