Page:Beecher Stowe - La Case de l’oncle Tom, Sw Belloc, 1878.djvu/234

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suffoqués. Ici, dit-il au cocher debout derrière lui, enlève-moi ces paquets.

— Je m’en vais les voir charger, dit Ophélia.

— Et non vraiment, cousine, à quoi bon ?

— En tous cas j’emporte ceci, ceci, — encore cela, dit miss Ophélia, mettant à part trois boîtes et un petit sac de nuit.

— Mais, ma chère miss Saint-Clair de Vermont, il ne faut pas fondre sur nous de la sorte du haut de vos Montagnes Vertes ; adoptez, croyez-moi, quelque peu de nos coutumes méridionales ; on vous prendrait sous ce faix pour une femme de peine. Abandonnez le tout à ce brave homme, et je garantis qu’il posera chaque objet avec autant de précaution que si c’étaient des œufs. »

Miss Ophélia vit avec désespoir son cousin ordonner l’enlèvement de ses trésors, et ne respira qu’en se retrouvant en voiture, entourée de tout son bagage sain et sauf.

« Où est Tom ? demanda Éva.

— Juché quelque part, en dehors de la voiture, Minette : Je conduis Tom à ta mère en façon de rameau d’olivier. Il faut qu’il fasse ma paix pour ce malheureux ivrogne qui nous a versés.

— Je suis sûre que Tom est une perfection de cocher, et qu’il ne se grisera jamais, dit Éva. »

La voiture s’arrêta devant un antique hôtel d’une architecture bizarre ; mélange du style espagnol et du style français. Le corps de logis enfermait une vaste cour dans le genre moresque, où la voiture pénétra en traversant un portail cintré. L’intérieur était d’un goût élégant et voluptueux ; de larges galeries couraient tout autour, et les minces et légers arceaux, les grêles pilastres, les ornements, les arabesques reportaient l’imagination vers le règne des Orientaux en Espagne, vers l’Alhambra et les Abencerrages. Au milieu de la cour, les eaux jaillissantes d’une fontaine retombaient écumeuses dans un bassin de marbre blanc, qu’entourait une épaisse bordure