Page:Beecher Stowe - La Case de l’oncle Tom, Sw Belloc, 1878.djvu/248

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traiter les esclaves comme des fleurs exotiques ou des vases de Chine, c’est aussi par trop ridicule ! » Marie s’arrêta pour se plonger dans les molles profondeurs d’un énorme coussin, et attirer à elle un élégant flacon de cristal taillé.

« Vous le voyez, continua-t-elle, d’une voix languissante et douce, comme pourrait l’être le dernier souffle d’un jasmin d’Arabie, ou toute autre chose aussi éthérée ; vous le voyez, cousine Ophélia, je parle rarement de moi. Ce n’est ni dans mes goûts, ni dans mes habitudes ; à dire vrai, je n’en ai pas la force. Mais il y a des points sur lesquels je diffère de Saint-Clair. Saint-Clair ne m’a jamais comprise, ne m’a jamais appréciée, et c’est même là, je crois, la source de tous mes maux. Il se propose le bien, je veux le croire ; mais les hommes sont égoïstes par constitution, et sans égards pour leurs femmes. Du moins, c’est mon impression. »

Miss Ophélia n’avait pas reçu en partage un petit lot du génie prudent de la Nouvelle-Angleterre ; elle avait, en outre, une horreur particulière des dissensions de famille ; elle fut donc alarmée de cette espèce d’appel : aussi, donnant à son visage l’expression d’une sévère neutralité, elle tira de sa poche un tricot long d’une aune, qu’elle gardait comme un spécifique contre ce que le docteur Watts assurait être une des plus efficaces embûches de Satan, c’est-à-dire l’oisiveté des mains.

Elle se mit à tricoter rapidement, serrant les lèvres d’une façon énergique, qui disait mieux que les mots : « Vous ne me ferez pas parler : ce sont vos affaires, non les miennes ; je n’ai rien à y voir. » Elle n’avait pas l’air plus sympathique, que ne l’aurait eu à sa place un lion de pierre ; mais Marie s’en souciait peu. Elle avait à qui parler, elle en sentait le besoin, cela lui suffisait ; et pour se remonter respirant son flacon, elle poursuivit :

« J’apportais, en épousant Saint-Clair, ma dot et mes