Page:Beecher Stowe - La Case de l’oncle Tom, Sw Belloc, 1878.djvu/261

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Mamie était malade, vous ne la mettriez pas dans votre lit, n’est-ce pas ?

— Si fait, maman, répondit Éva, parce que ce serait plus commode pour la soigner, et puis aussi parce que mon lit est beaucoup meilleur que le sien, vous savez. »

Le manque complet de sens moral que dénotait cette réponse, jeta Marie dans le plus profond désespoir.

« Que faire pour être comprise de cette enfant ? s’écria-t-elle.

— Rien, » répondit miss Ophélia d’un ton péremptoire.

Éva fut un moment chagrine et déconcertée ; mais par bonheur les impressions des enfants sont fugitives, et peu de minutes après, Éva riait gaiement à chaque objet nouveau qu’elle apercevait à travers les portières de la voiture.

. . . . . . . . . . . . . . . . . .

« Eh bien, mesdames, demanda Saint-Clair au dîner, quand ils furent commodément assis, que vous a-t-on servi aujourd’hui à l’église ?

— Le docteur G… a fait un magnifique sermon, répondit Marie, juste un sermon comme il vous le faudrait ; il exprimait précisément toutes mes idées.

— En ce cas, il devait être des plus édifiants, dit Saint-Clair, et d’un point de vue large !

— Oh ! simplement mes idées sur la société et ses différentes classes. Le texte était : « Dieu fit toute chose belle en sa saison. » Le prédicateur a démontré que tous les rangs et toutes les distinctions sociales venaient en droite ligne de Dieu ; qu’il était admirablement juste que les uns fussent placés au sommet et les autres à la base, plusieurs étant nés pour commander, et plusieurs pour obéir ; et ainsi de suite. Enfin il a parfaitement appliqué ces paroles au jargon ridicule qu’on débite sur l’esclavage ; il a prouvé clair comme le jour que la Bible était pour nous, et soutenait nos institutions. Je souhaiterais que vous l’eussiez entendu !