Page:Beecher Stowe - La Case de l’oncle Tom, Sw Belloc, 1878.djvu/276

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avec soin sa vieille mère, qui, cramponnée à son bras, regardait avec anxiété autour d’elle, s’attendant à voir se glisser quelque traqueur dans l’ombre.

« Jim, tes pistolets sont-ils prêts, et armés ? demanda Georges à voix basse.

— Oui, tout prêts, répliqua Jim.

— Et tu sais ce que tu as à faire, s’ils viennent ? Tu n’hésiteras pas ?

— Hésiter ? oh non ! » Jim ouvrit sa large poitrine et aspira l’air fortement : « Me crois-tu disposé à leur rendra ma mère ? »

Pendant ce bref colloque, Éliza prit congé de Rachel ; Siméon l’aida à monter en voiture, et se faufilant au fond avec son fils, elle s’assit sur les peaux de buffle : la vieille vint ensuite. Georges et Jim se placèrent sur la banquette de devant, et Phinéas sur le siège.

« Adieu, amis ! leur cria Siméon du dehors.

— Dieu vous bénisse ! » répondirent-ils tous de l’intérieur.

Et le chariot s’ébranla, sautant et cahotant sur la route glacée.

Le bruit des roues, l’inégalité du chemin, interdisaient toute conversation. La voiture roula donc à travers de longs espaces couverts de bois, à travers d’immenses plaines arides et solitaires, gravissant des collines, descendant des vallées, et avançant cahin-caha, heure après heure. L’enfant, profondément endormi, reposait sur les genoux de sa mère. La pauvre vieille avait enfin oublié ses terreurs. L’anxiété même d’Éliza cédait au sommeil, à mesure que s’avançait la nuit. Phinéas seul, toujours sur l’éveil, charmait les longueurs de la route, en sifflant certains airs peu édifiants, et fort anti-quakers.

Vers trois heures du matin, Georges distingua le cliquetis rapide et pressé d’un pas de cheval, arrivant derrière eux. Il poussa Phinéas du coude. Phinéas arrêta ses chevaux : il écouta.