Page:Beecher Stowe - La Case de l’oncle Tom, Sw Belloc, 1878.djvu/288

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plus propre et plus moelleux qu’aucun de ceux qu’il eût jamais occupés. Sa blessure fut pansée et bandée avec soin. Ouvrant et fermant, comme un enfant fatigué, ses yeux languissants, il regardait les rideaux blancs de la fenêtre, et les douces ombres qui glissaient sans bruit dans sa chambre et autour de son lit.

Nous allons pour l’instant prendre congé de lui et de ses compagnons.

CHAPITRE XIX

Expériences et opinions de miss Ophélia.


Notre ami Tom, en ses innocentes rêveries, comparait souvent son heureux sort d’esclave à celui de Joseph, en Égypte : et plus il avait occasion d’agir sous l’œil du maître, plus le temps s’écoulait, plus le parallèle devenait frappant.

Indolent et faisant peu de cas de l’argent, Saint-Clair avait jusqu’alors abandonné le soin d’approvisionner la maison à son valet de chambre, Adolphe, pour le moins aussi insouciant et aussi prodigue que lui. Entre eux deux ils avaient mené les choses grand train. Tom, accoutumé, depuis longues années, à faire passer les intérêts du maître bien avant les siens, voyait, avec une inquiétude qu’il pouvait à peine réprimer, une prodigalité si folle ; de temps à autre, il hasardait un avis, de la façon tranquille et discrète habituelle à ceux de sa race.

D’abord Saint-Clair l’employa par hasard ; puis, frappé de son bon sens, de sa capacité, il s’en remit de plus en plus à lui, si bien qu’il finit par être chargé de l’approvisionnement de la maison et de la plupart des emplettes.

« Non, non ; dit Saint-Clair, un jour qu’Adolphe se plaignait que le pouvoir passât en d’autres mains, laisse